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— Eh bien ! mademoiselle, quand le mot d’honneur humain n’a pas de sens net pour l’esprit, ce que l’on a de mieux à faire, c’est de se retirer du milieu social et du commerce des humains. On vit alors dans un sublime tête-à-tête avec l’esprit divin, et, pour se dispenser de tout devoir envers les êtres de notre espèce, on a la règle monastique, qui vous impose la solitude et le silence. Vous n’en voulez pas, je le sais ; dès lors il vous faut, fille ou femme, consacrée aux œuvres de charité ou aux occupations de ce monde, un guide et un maître qui vous fasse connaître les obligations de la vie. Vous ne ferez rien de bon, à vous toute seule, en dehors de la cellule, puisque vous dédaignez de rien entendre à la vie pratique. Il vous faudra un directeur de conscience pour utiliser votre charité ou un mari pour régler les bienséances de votre conduite. Vous avez tantôt vingt et un ans, vous êtes séduisante, vous ne l’ignorez pas, puisque vous vous servez de vos séductions pour réaliser vos projets au jour le jour. Vous n’avez plus le droit, du moment où vous agissez fortement sur l’esprit des autres, de dire : « Je ne sais pas ce que je veux, je verrai ! » Il faut voir et vouloir tout de suite ; il faut choisir entre le mari et le confesseur, autrement il n’y a pas moyen de vous prendre au sérieux.

— Quoi ? s’écria mademoiselle de Nives, qui