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vers Miette et lui dit en se jetant à ses genoux et en l’entourant de ses bras :

— Pardonne-moi, je n’ai pas su ce que je faisais ! Pourquoi ne me l’as-tu pas dit ?

— Je te l’aurais dit, si tu m’avais tout confié, répondit Émilie en l’embrassant et en la relevant. Avant ce matin, je ne savais pas combien cette Charliette est coupable envers toi et méprisable.

— Je ne la reverrai jamais ! s’écria mademoiselle de Nives.

— Vous le jurez ? lui dis-je.

— Je le jure sur mon salut éternel !

— Jurez-le sur l’honneur ! Le salut éternel n’est jamais compromis tant qu’il reste un moment pour se repentir. C’est une belle pensée que d’avoir fait Dieu plus grand que la justice des hommes ; mais ici nous traitons de faits purement humains, et nous n’avons à nous occuper que de ce qui peut être utile ou nuisible à nos semblables.

— Je jure donc sur l’honneur de ne jamais revoir la Charliette, bien qu’en vérité l’honneur humain, comme on me paraît l’entendre, me semble une chose frivole.

— C’est bien là que le bât nous blesse, répondis-je. Voulez-vous me permettre une petite explication fort nécessaire ?

— J’écoute, répondit mademoiselle de Nives en se rasseyant.