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j’observais les traits et les attitudes de mademoiselle de Nives. Je la trouvai naïve et sincère. Ce point acquis, j’examinai ma nièce ; elle était changée, non pâlie ni abattue, mais sérieuse et comme armée, pour un combat quelconque, de haute et magnanime volonté.

Jacques entra, on se dit bonjour. Il baisa respectueusement la main que lui tendait sans embarras mademoiselle de Nives. Il était fort décontenancé par l’étonnement et l’inquiétude. Il avait l’air de se préparer à une crise, et de n’avoir rien prévu pour la conjurer.

— À présent, dis-je à mademoiselle de Nives, nous avons à parler de choses qui ennuieraient fort mademoiselle Ninie. Elle va jouer là, sous nos yeux, dans le préau fermé.

— Oui, s’écria Léonie, avec Suzette !

— Plus tard, lui dis-je. Je vous promets que vous la reverrez avant qu’elle ne s’en aille.

— Ça n’est pas vrai, tu ne me rappelleras pas !

— Je vous le jure, moi, dit mademoiselle de Nives. Il faut être sage et obéir à M. Chantebel. C’est lui qui est le maître ici, et tout le monde est content de faire sa volonté.

Ninie se soumit, non sans faire promettre à Suzette qu’elle s’assoirait près de la fenêtre pour la regarder à tout instant.

Quand nous fûmes assis, Miette prit la parole avec résolution.