Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/164

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que je n’en ai. Je ne veux pas me mêler trop de leurs petits secrets ; mon devoir se borne à l’hospitalité. Heureusement le temps marche et me soustraira bientôt à une responsabilité toujours pénible quand on n’a pas l’autorité. »


Cette missive ne me tranquillisa pas ; au contraire elle me tourmenta davantage, et je me mis à observer Henri à la dérobée avec une attention scrupuleuse.

Je remarquai le soir même que, comme la veille, il sortait de table au café et s’en allait, avec Ninie sur les épaules, faire le cheval dans le jardin. C’étaient des cris, des rires, puis le vacarme s’éloignait, et au bout d’une demi-heure la petite revenait avec sa bonne. Henri ne reparaissait qu’une heure plus tard, disant qu’il venait de fumer son cigare dehors pour ne pas incommoder sa mère.

Le troisième jour de ce manège, je voulus en avoir le cœur net. C’était possible ce jour-là ; madame Chantebel avait deux vieilles amies qui se plongeaient dans les cartes avec elle aussitôt le repas fini. Elle ne s’inquiétait pas de la petite fille, qui paraissait adorer Henri, et dont Henri paraissait raffoler.

Les jours diminuaient rapidement ; j’attendis la demi-obscurité, augmentée par l’épaisseur du feuillage encore touffu, pour me glisser dans le