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parlait qu’à moi, et quelquefois elle me montrait des lettres de son amie qui me faisaient grand’peine ; mais que pouvais-je faire pour réparer le mal ? Je n’étais pas un parti pour elle, je ne pouvais pas demander sa main ; d’ailleurs la comtesse ne voulait pas la marier. Elle prétendait la forcer à se faire religieuse, tout en disant que c’était sa belle-fille qui avait cette vocation et repoussait toute idée de mariage.

» Le hasard seul pouvait amener les événements qui sont survenus. Je me suis trouvé pris sans réflexion dans un roman, et il m’a fallu accepter le rôle qui m’a été départi.

» Il y a deux ans, j’étais à Clermont pour une autre affaire de cœur, que je n’ai pas besoin de vous dire ici, — avec une femme mariée. C’était pendant les assises, tous les hôtels étaient pleins. Je m’en allais par les rues, ma valise à la main, cherchant un gîte, lorsque je me trouvai en face de la Charliette. Je ne savais que vaguement que cette femme, mariée et établie à Riom, avait été la nourrice de mademoiselle de Nives, et j’ignorais qu’elle lui fût restée fidèle comme un chien l’est à son maître. Je ne savais même pas que, par dévoûment pour elle, elle se fût fixée depuis à Clermont avec son mari. Je vous le répète et je vous le jure, mon oncle, c’est le hasard qui a tout fait en ce qui me concerne.