Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/58

Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

ANDRÉ, à Bernard.

T’es donc venu deux fois aujourd’hui ?

FRANCINE, à Bernard, avant qu’il puisse répondre.

Épargnez-vous la peine de mentir, je ne veux rien cacher à mon père.

ANDRÉ.

Tu ne dois rien me cacher. Qu’il soit venu deux ou trois fois, ça ne me fait rien, si son intention est bonne. Sinon…

FRANCINE.

Sinon, faut pas vous fâcher, mon père, faut mépriser ça, et le prier de nous laisser tranquilles.

BERNARD.

Francine, c’est comme ça que tu me parles !… Mais qu’est-ce qu’il y a donc, mon Dieu ?

ANDRÉ.

Oui, qu’est-ce qu’il y a ? T’a-t-il fait quelque insulte ? Allons, faut le dire ! J’suis pas encore assez vieux pour l’endurer sans me regimber, moi !…

FRANCINE, effrayée.

Non, non, mon père, c’est pas ça !

ANDRÉ.

Alors… qu’est-ce que c’est ? C’est un caprice que t’as ?

FRANCINE.

Eh bien, oui, mon père ! c’est un caprice que j’ai ! (À part.) Au moins, comme ça, ils ne se battront pas.

ANDRÉ, s’approchant de Bernard, qui s’est assis consterné.

Comprends-tu ça, toi ?

BERNARD.

Oui, patron ! Je comprends qu’elle ne m’aime pas, qu’elle ne m’a jamais aimé !

ANDRÉ, à Francine en colère.

Dites donc, demoiselle ! c’est pas tout ça. J’entends pas, moi, que vous refusiez.

BERNARD, se levant et lui saisissant le bras.

Oh ! patron !