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hommes. Dieu les absout quand ils ont beaucoup souffert, et les bénit quand ils ont beaucoup aimé ! Est-ce que tu ne dis plus tes prières, toi, depuis que tu es avec nous ?

PIERROT.

Oh ! que si fait ! Tous soirs et tous matins, comme du temps que je courais emmy les champs !

MARIELLE.

Dis-m’en donc une ! Je m’imagine que cela me fera du bien.

PIERROT.

Oh ! dame, vous dire une prière ! je n’en sais point. J’ai la mémoire trop courte, moi ! Je dis au bon Dieu ce qui me vient sur le moment.

MARIELLE.

Eh bien, j’aime mieux cela ! Dis ce que tu voudras, (Il s’assied. Pierrot se met à genoux près de lui.)

PIERROT.

« Bon Dieu du ciel et bonne dame des anges, consolez donc un pauvre chrétien qui a le cœur en détresse à cause de la maladie de son maître. Marquez-lui votre amitié en lui guérissant celui qu’il aime plus que tout au monde… après vous, s’entend ! et lui enseignez quelque bonne parole pour réconforter cette pauvre âme qui est affligée de beaucoup de peine !… » Voilà que vous dormez, monsieur Marielle ? Vous n’êtes point bien ici ! Il nous faut retourner à votre logis, c’est l’heure !

MARIELLE.

Non, non ! je t’écoutais… je réfléchissais ! je tâchais à me ressouvenir… Où sommes-nous donc ici, Pierrot ?

PIERROT.

Dans la ville de Lyon, dans les bâtiments du théâtre, dans le foyer des acteurs.

MARIELLE.

Est-ce que nous allons jouer la comédie ?

PIERROT.

Non ! Depuis quinze jours que vous êtes malade, il n’y a