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PIERROT.

Oh bien, par exemple ! qui est-ce qui vous a dit ça ?

MARIELLE.

Quand j’ai la fièvre, je puis bien extravaguer ?

PIERROT.

Pas beaucoup !

MARIELLE.

Et alors… je suis méchant, peut-être ?

PIERROT.

C’est bien malgré vous !

MARIELLE.

Je ne te maltraite point ?

PIERROT.

Bah ! vous m’embrassez ! vous me demandez pardon !

MARIELLE.

Pardon ? Mon Dieu, si je te demande pardon, c’est donc que je te maltraite ? Oui, oui, je m’en souviens ! Tu as quelque fois l’air de me craindre.

PIERROT.

Bon ! si je vous craignais, je ne vous aimerais point, et je vous aime, voyez-vous… Tant plus vous êtes malade, tant plus je vous aime !

MARIELLE, levant les yeux au ciel.

Et voilà l’enfant que l’on méprisait pour sa simplicité ! On les injurie, on les traite d’ineptes et d’incapables, ceux qui ne savent qu’aimer ! Comme si ce n’était point tout ! comme si ceux qui n’ont point d’autre science et d’autre mérite devant toi, ô mon Dieu ! n’étaient pas les premiers dans le ciel, à ta droite !

PIERROT.

Oh ! la jolie prière que vous récitez là, monsieur Marielle ! Vous priez le bon Dieu, vous, malgré qu’ils me disaient à la ferme, quand vous m’avez emmené, que je m’en allais à ma perdition, parce que les comédiens étaient damnés !

MARIELLE.

Mon enfant, les comédiens ne sont damnés que par les