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ACTE TROISIÈME

Même décoration qu’au deuxième acte. La salle est sombre et en désordre.





Scène PREMIÈRE

MARIELLE, PIERROT.
MARIELLE, pâle, malade et vieilli, appuyé sur le bras de Pierrot.

Il y a du temps que je n’étais venu ici. Comme c’est triste, à présent ! quel aspect d’abandon ! C’est éteint et délabré comme moi. (Il va soulever le rideau de tapisserie.)

PIERROT.

Ne regardez point vers le théâtre, monsieur Marielle, ça vous fait toujours de la peine.

MARIELLE, souriant tristement.

Tu crois ?

PIERROT.

Pour mon compte, je ne le traverse point, que je n’aie des envies de pleurer. Je vous crois voir encore sautant si gaiement sur ces planches ; et à présent… à présent, le plancher craque tout seul ; la nuit, ça fait peur !

MARIELLE.

Ah ! tout est bien changé aussi pour toi, mon pauvre enfant ! Tu étais occupé, allègre, heureux ! Et, à présent, te voilà morne et désœuvré, enchaîné aux ennuis d’un vieillard chagrin, imbécile, et peut-être… Dis-moi, Pierrot, dis-moi la vérité, toi ! Est-ce que je suis fou ?