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DESŒILLETS.

Eh ! ne jurez pas, monsieur Fabio ! Sylvia m’avait tout dit : vous l’aimez, elle vous aime.

FABIO.

Que dis-tu ! elle m’aime ?…

DESŒILLETS.

Hélas ! c’est une grande folie que vous faites là, tous les deux ! mais le sort en est jeté, comme elle disait ! Vous avez joué l’indifférence, le dépit s’est emparé d’elle… pauvre femme, qui faisait la forte et qui s’est laissée vaincre au moment de triompher ! Je vous confesse que j’ai bien combattu cette idée-là ; mais elle ne m’a point écouté : elle est partie, elle vous attend.

FABIO, tremblant.

Où m’attend-elle ?

DESŒILLETS.

Je ne sais pas ; cette maudite lettre vous le disait sans doute.

FABIO.

Je l’arracherai à Marielle !

DESŒILLETS, à part.

Aïe ! (Haut.) Il vous le faudra tuer pour l’avoir !

FABIO.

Le tuer ? Quelle horreur ! Mais quoi ! où retrouver Sylvia ? ne sais-tu rien ?

DESŒILLETS.

Elle ne peut pas être bien loin, puisqu’elle est partie en voiture, il n’y a que demi-heure. Ma femme a entendu que l’on disait : « Route de Paris ! »

FABIO.

Eh ! que ne le disais-tu tout d’abord ? Je la rejoindrai, quand je devrais crever mon cheval ! (Jetant son attirail de comédie et prenant son manteau de ville, son chapeau et son épée.) femme ! vous m’aimiez, et j’en doutais encore ! Marielle ! Marielle ! j’étais innocent, j’étais un niais… et vous m’avez traité comme