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et je me damne si, à ce moment-là, l’on fait non plus d’attention à toi qu’à une enseigne de cabaret.

FABIO.

Laisse-moi, Florimond ! Tu crois railler seulement, et tu ne sais point le mal que tu me fais !

FLORIMOND.

Va donc ! Tu manqueras ton entrée !

FABIO.

Je me soutiens à peine, j’ai le vertige, et la sueur me vient au front !

FLORIMOND, le soutenant.

Allons, allons, Fabio ! ce n’est point le moment de défaillir ! (Fabio fait un effort, repousse Florimond et s’élance vers le théâtre.)


Scène XXI

FLORIMOND, seul.

Il a l’âme à l’envers, ce garçon-là ! Lui aussi devient fou ! Mais, morbleu ! il est trop aveuglé de l’amour-propre, et sa Suffisance ne se peut souffrir. (Regardant par la portière.) Ah ! le voilà qui se remet ! Il s’échauffe ! c’est mieux que de coutume. Un peu de rage au cœur ne nuit point sur les planches… Eh ! vraiment ! il affronte bien l’encontre de Scaramouche ! Il le saisit au corps… C’est franc ! C’est égal, va, c’est Marielle qu’on applaudit ! Eh bien, que fait-il ? Il le serre de trop près ! Assez, brutal ! prends donc garde à l’angle de la table ! Tu vas le blesser ! arrête donc ! (On entend, au milieu des applaudissements et des rires, un cri général dans le public.) Marielle s’est fait mal ! Est-il évanoui ? Non, mais il fait signe à Pierrot qu’il retranche le reste de la scène. Il vient par ici, il souffre ! J’en étais sûr ! Voilà une méchante affaire !