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Scène XIII

MARIELLE, FABIO, FLORIMOND, ERGASTE, PIERROT.

Ergaste est en costume de capitan, Florimond en Mezzetin, Fabio en Léandre, comme on l’a déjà vu : Pierrot en Pierrot. Marielle se plaça à une table de toilette pour arranger sa figure de Searamouche. Il tourne le dos aux spectateurs ; Fabio, près de lui, l’aide nonchalamment et avec distraction. Ergaste et Pierrot sont ensemble sur un côté de la scène ; Florimond, de l’autre, achève de se costumer auprès d’une console.

ERGASTE, grondant Pierrot d’un ton paternel.

Je ne sais pas comment tu te blanchis, mais tu n’es jamais bien fariné au-dessous des yeux !

FLORIMOND.

Un imbécile, qui passe toujours ses mains sur sa figure !

ERGASTE.

Étourdi, oui, un peu ! mais imbécile, point du tout. Il commence à très-bien marcher, et, hier, il a été applaudi.

PIERROT.

C’est-il, vrai Dieu, moi qu’on applaudissait, monsieur Ergaste ? Moi, j’ai cru que c’était vous !

ERGASTE.

Quand je te dis que c’est toi…

PIERROT.

Oh ! bien, alors, c’est nous deux.

ERGASTE.

Allons, ne te va point frotter le long des coulisses ; tiens ! tu vois bien ! te voilà encore le dos collé contre la muraille ! Il n’est rien de si mal plaisant à voir qu’un Pierrot fripé comme une vieille marionnette. Ah çà ! tu feras grande attention à la passade qu’il te faut donner à Scaramouche, tu t’y manques toujours.

PIERROT.

C’est que, quand il me faut faire choir monsieur Marielle, ça me fait tant de peine, que je n’ose point ; je crains toujours que je ne lui fasse du mal.