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DESŒILLETS, à part.

Aïe ! (Haut.) Je ne pense pas qu’il y ait danger.

SYLVIA.

Le danger y est tout entier ! Les rôles que je fais ne me déguisent point. Je connais ses façons hardies : son dépit lui fera risquer quelque méchante parole, et je sais qu’il suffirait d’un regard insolent pour enflammer le courroux de Marielle.

DESŒILLETS, après avoir réfléchi.

Oui ! Marielle a la tête vive, la riposte prompte et la main terrible. Il ne ferait point bon pour lui de chercher querelle à un personnage si considérable. Ce serait se jeter dans la nasse où l’on ne serait pas fâché de le prendre. Il ne connaît pas le prince ?

SYLVIA.

Si fait ! mais il ignore que c’est lui…

DESŒILLETS.

Gardez-vous bien de le lui dire !

SYLVIA.

Oh ! ne craignez rien !

DESŒILLETS.

Alors, remettons-nous. Suivez votre idée, elle est bonne ne vous montrez point ce soir. La Marinette peut-elle bien vous remplacer ?

SYLVIA.

Fort bien… Mais que pensera Marielle ?

DESŒILLETS.

Vous allez vous faire malade, une entorse, une migraine !

SYLVIA.

Qu’il va être inquiet !

DESŒILLETS.

Comptez-vous qu’il soit plus tranquille si ce que vous craignez arrive ?

SYLVIA.

Allons, il le faut ! Allez vitement faire costumer la Marinette en ma place.