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SYLVIA.

Depuis un mois, nous le sommes. Il y avait certains dangers à le publier ; je vous confie un secret d’où dépend, pour quelque temps encore, la sûreté de Marielle, un secret que ses deux amis ne savent point ; mais vous m’y contraignez, sachez-le donc : un prêtre a béni secrètement notre union à Grenoble.

FABIO, consterné, puis irrité.

Oïmè ! mon pauvre père ! Allons ! c’est affaire à vous, madame, d’aller vite à votre but sans toucher les écueils ! recevez-en mon compliment, et ne redoutez plus mes importunités. Quand on a la sagesse d’épouser un vieillard, on ne le trompe point pour des gens d’aussi mince étoffe que je le suis.

SYLVIA.

Fabio, je te croyais meilleur ! je n’aurais point imaginé que tu choisirais, pour me faire outrage, le moment où je te donnais une si grande marque de confiance ; je n’irai point, tu le sais, demander protection à Marielle contre toi ; plutôt que de meurtrir son cœur, je supporterai ces indignités. Ô Marielle ! je ne prévoyais point que mon amour pour toi serait si mal interprété ! mais le tien sera mon refuge et ma gloire !


Scène XII

SYLVIA, FABIO, MARIELLE, ERGASTE, FLORIMOND, PIERROT.
ERGASTE, amenant Pierrot un peu malgré lui.

Oui, Marielle, je te dis que ce drôle-là est un comédien de naissance, qu’il parle et gesticule tout seul, et qu’il a des petites manières et des petites raisons les plus gentilles du monde.

MARIELLE.

Tu l’as donc écouté ? Moi, je l’observais, et je lui trouve la