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MARIELLE.

Elle est plus sévère que le sacré collège.

SOEUR COLETTE.

Laissons-la dire ; je ne suis pas en peine de ton salut, quant à moi. Ah ! ma fille Sylvie ! si l’on connaissait comme moi la beauté des sentiments de mon frère, l’honnêteté de sa morale, et les grands biens qu’il a toujours faits aux malheureux, on le proposerait pour modèle à bien des gens d’Église.

SOEUR SYLVIE.

Tout ce que vous m’avez raconté de M.  Marielle me le fait tenir en si haute estime, que je le voudrais avoir pour mon directeur de conscience.

MARIELLE.

Votre conscience est dans vos regards, aimable sœur Sylvie, et je jurerais qu’elle n’a pas besoin d’aide pour égaler en pureté la splendeur des anges.

SOEUR SYLVIE.

Mais je suis une mauvaise catholique, monsieur ; ne le savez-vous point ?

SOEUR COLETTE.

Allons, allons, chère fille, ne dites point cela. Sous l’habit que vous portez ! à la veille de prononcer des vœux !

SOEUR SYLVIE.

Non, ma mère ! je ne serai point religieuse, je vous l’ai dit, croyez-moi donc, enfin.

SOEUR COLETTE.

Mais que deviendras-tu, pauvre enfant ?

SOEUR SYLVIE.

Je me ferai servante fidèle en quelque ferme, plutôt que religieuse parjure en un monastère. Écoutez, monsieur Marielle, vous ne connaissez point toute mon histoire ; je vous la veux dire, afin de vous avoir pour arbitre. Un bon conseil de vous sera le meilleur adieu que vous me puissiez faire.

MARIELLE.

Je sais déjà, mademoiselle, que vous êtes Française, fille