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PEREGRINUS, allant chercher une chaise et venant s’asseoir devant elle, près du poêle.

Eh bien, je commence. Il y avait une fois dans la belle et célèbre ville de Francfort-sur-le-Mein…

NANNI.

Dans notre ville ? dans notre rue peut-être ?

PÉRÉGRINUS.

Précisément. C’était dans la rue de Kalbach et dans une vieille maison fort semblable à celle-ci ! Dans cette ville, dans cette rue, dans cette maison, vivait une honnête et nombreuse famille du nom de… Mais je vous dirai le nom plus tard.

NANNI.

Oui, oui, quand vous voudrez !

PÉRÉGRINUS.

Les sept enfants.…

NANNI.

Ils étaient sept ?

PÉRÉGRINUS.

Et même huit, car il y avait aussi le fils d’un voisin, et celui-là s’appelait Max, comme mon ami le docteur ès sciences, Or, c’étaient de beaux enfants, sauf le plus jeune, qui, sans être contrefait ni maussade, était si réservé, si peu bruyant, si timide, qu’on l’oubliait volontiers dans un coin pour ne s’occuper que des autres, plus aimables ou plus spirituels.

NANNI.

Pauvre petit ! c’est celui que j’aurais aimé le mieux.

PÉRÉGRINUS.

Il n’était point à plaindre, car, bien qu’il ne sût ni flatter ni caresser, il aimait beaucoup ! Il adorait ses parents, ses frères et sœurs, et son ami Max, et il était content de les aimer. Il n’avait pas besoin d’autre chose. Il y a des caractères Comme cela (pliant le genou peu à peu devant Nanni), des personnes qui ne savent rien exprimer, rien demander… et qui pourtant… (Nanni le regarde étonnée ; il ramasse un ruban qu’elle a laissé tomher, et le lui présente respectueusement.) Et, d ailleurs, il avait un ami, un vieux parrain qui le choyait particulièrement.