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Scène V

MAX, seul, riant.

Ah ! ah ! la petite s’est prise dans son propre piège… Elle a cru… (Éternument fantastique.) Bon ! c’est tout près de mon oreille ! … Quelque fissure de la muraille m’apporte les bruits qui se produisent dans la salle à manger… ou ailleurs. Voyons ! puisque j’ai jeté un coup d’œil sur ce bouquin… Cela ne me parait pas sorcier, à moi, la mécanique ! (un petit rire sec et mystérieux auprès de lui.) Hein ?… Ah ! oui, toujours la transmission acoustique !… C’est donc à compulser ce livre vénérable que mon ami Pérégrinus a usé sa vie ! Il l’a étudié… annoté… Mais je n’y vois aucune trace des travaux de son maître. Je sais bien que le vieux Rossmayer savait à peine écrire ; c’était un illettré complet, parlant mal et radotant tout à fait dans les dernières années de sa vie. (craquement répété des boiseries. Max n’y fait aucune attention.) Mais il aurait pu laisser quelques figures… quelque plan ;… car, en somme, il avait une idée, ce vieux ! il avait du moins l’air de chercher quelque chose ! (Ricanement mystérieux.) Quelque chose de plus malin, je pense, que des horloges à musique, des coucous et des calendriers perpétuels, (Il rêve.) Perpétuels !… le mouvement perpétuel !… (Rire plus accusé.) Non, il ne cherchait pas cela. Il n’aurait jamais osé ! Quand on fait des niaiseries, des jouets d’enfant comme Cela… (Il prend le mouvement de la pendule resté sur l’établi.)

UNE VOIX, bizarre et cassée, partant de la gauche de Max.

Touchez pas, touchez pas !

MAX, sans y faire attention, tandis que quelque chose de noir s’agite derrière les vitres de la fenêtre de gauche.

Car voilà un de ses derniers ouvrages, cette fameuse pendule, qui, en sonnant, faisait chanter un coq, au grand ébahissement des marmots et des servantes ! (Il étudie le mouvement.