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NANNI.

Ah ! c’est possible. (On entend une course effrénée de souris avec de petits cris.) Ah ! mon Dieu !

MAX, impassible.

Il paraît que les rats tiennent là-haut cour plénière ? Je serai fort aise d’observer leur ébats.

NANNI, à part.

Il n’a peur de rien, et je me fais peur à moi-même en lui parlant des esprits ! (Haut.) Alors, vous ne croyez à rien, vous, monsieur Max ?

MAX.

Comment, à rien ? Peut-on ne croire à rien ? Je crois à tout ce qui est.

NANNI.

Oui, à tout ce qu’on peut voir et toucher ?

MAX.

Non ; car je ne peux pas toucher la lune, et je ne peux pas voir le principe de la vie ; mais je crois à ce que le raisonnement me démontre.

NANNI.

Et pourtant si vous voyiez un fantôme ?

MAX.

Je me dirais que je ne vois réellement pas, et que j’ai une hallucination ; mais je n’en, aurai jamais, moi ! Elles ne viennent qu’à ceux qui y croient.

NANNI.

Je vous jure, monsieur Max, que ma grand’mère n’est pas peureuse, et qu’elle a vu bien souvent…

MAX.

Le vieux mécanicien, n’est-ce pas ? (On entend éternuer tout prés de Max à plusieurs reprises.) Ah ! ah ! voilà un revenant qui est enrhumé du cerveau !

NANNI, épouvantée.

Ah ! tenez, avec vos moqueries, vous mettez les esprits en colère, et moi, je… Vrai, j’ai trop peur, je ne reste pas là ! (Elle s’enfuit et ferme la porte derrière elle.)