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NANNI, effrayée.

Ah ! Jésus ! on marche ?

PÉRÉGRINUS.

Ce doit être Fritz.

NANNI.

Ah ! oui, c’est Fritz, à qui M.  Max a donné l’ordre de lui faire un lit.

PÉRÉGRINUS.

Dans cette chambre inoccupée depuis plus de vingt ans ?

NANNI.

Vingt ans !

PÉRÉGRINUS.

C’est là que demeurait un vieux ami de ma famille, un homme bien simple en apparence, vulgaire même, un pauvre ouvrier, mais un homme de génie dans sa partie.

NANNI.

Oh ! je sais, le vieux mécanicien, maître Rossmayer. Ma grand’mère m’en parle souvent, elle l’a connu. Il passait pour un peu sorcier à cause des beaux ouvrages qu’il faisait… Et cela vous contrarie, que l’on dorme dans sa chambre ?

PÉRÉGRINUS.

Oui, surtout Max, qui se moque toujours.

NANNI.

S’il allait vouloir casser les meubles !

PÉRÉGRINUS.

Non ! Max est un homme raisonnable, et il n’aurait pas de motifs cette fois… Ah ! pourtant vous me faites penser à quelque chose… Il y a là-haut certain jouet précieux… Oui, oui, sous prétexte de me corriger d’une manie, Max pourrait bien le détruire aussi ! Je cours le chercher pour le mettre en sûreté. (il monte l’escalier et disparaît.)

NANNI.

Ah ! si j’avais su que cela lui faisait de la peine, je n’aurais pas donné les clefs à Fritz ; mais peut-être serait-il encore temps d’empêcher M.  Max de rester !