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LE VOISIN, riant.

Qu’est-ce que vous croyez donc avoir sur le dos ?

DURAND, se tâtant.

Je n’ai rien, c’est vrai ! Je vous jure que je croyais sentir les courroies. Il faut qu’elles m’aient blessé aux entournures.

LE VOISIN.

Mais le sac, où est-il ?

DURAND.

Je viens de l’ôter apparemment dans le vestibule. Oui, oui, je me souviens : j’ai dû le mettre au portemanteau. (Il va pour sortir et s’arrête devant une étagère.) Bon ! qu’est-ce que c’est que ça ? La grauwacke schisteuse dans les roches primitives !… Cet imbécile de Coqueret ! Jamais il ne saura remettre en place un échantillon que son stupide plumeau fait tomber ! Ah ! quelle rage d’épousseter ! Il est vrai que Louise veut cela, et qu’il faut bien s’y soumettre. Pourvu que tout ne soit pas bouleversé ! (Il examine et range.)

LE VOISIN.

Ah çà ! dites donc, ami Durand, pensez un peu moins à vos pierres et faites-moi la grâce de m’écouter. Je suis venu pour vous parier d’autre chose, moi.

DURAND.

Parlez, parlez, mon cher ami, je suis tout à vous… Seulement, attendez… mon marteau ! Ah ! il est resté dans mon sac ; mais je trouverai bien ici… (Il ouvre un tiroir et prend un marteau.) Ah ! ah ! maître Jean Coqueret se sera exercé en mon absence. Voilà un outil ébréché, hors de service !… L’animal !… (Il en prend un autre.)

LE VOISIN.

C’est votre faute, vous voulez faire de vos valets des minéralogistes…

DURAND.

Mon cher, celui-là, j’aurais juré qu’il avait des dispositions étonnantes : il a ce que nous appelons familièrement de l’œil, c’est-à-dire qu’il a le sens oculaire admirablement développé ;