Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/160

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
PLUTUS.

Ils sont bien laids !

CARION, à part.

Il voit double, et pourtant il voit clair.

MERCURE.

Allons, en route !

CHRÉMYLE, à Plutus.

je te fais roi des dieux, tu m’en récompenseras ?

PLUTUS.

Oui, je changerai en or tes blés, tes arbres, ta femme, tes enfants, tes esclaves, ton chien et toi-même !

CHRÉMYLE.

Eh ! non pas ! Dégrise-toi ! Je veux que nous vivions et que nous puissions vivre !

PLUTUS.

Dépêchons-nous !

MERCURE.

Allez prendre des masses, des pics, des leviers, des cordes, pour renverser et briser la statue de Jupiter.

CARION.

Oui, allons ! partons ! (Ils sortent.)

CHRÉMYLE, à part.

Jupiter protecteur, pardonne-moi ce que je vais faire contre toi ! (Il sort. — On entend les cris et les clameurs de l’émeute contre Jupiter. Le temps devient sombre tout à coup.)


Scène III

MYRTO, seul.

Jamais,… jamais,… jamais ! Je ne le reverrai jamais ! Cette parole-là fait mourir, je veux la dire sans cesse ! (Elle s’appuie contre la fontaine et cache son visage. — Un coup de tonnerre. — Elle regarde avec surprise autour d’elle. — L’obscurité est augmentée.) Quel orage soudain ! Rien ne l’annonçait dans le ciel ni sur la terre. Les pleurs ont donc brûlé mes yeux, que je ne vois plus la