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ACTE QUATRIÈME




Scène PREMIÈRE

BACTIS, CARION.
CARION, un peu aviné.

Comment ! tu restes dehors quand tout est liesse et ripaille dans la maison ?

BACTIS.

Tu sais bien que je n’entends rien au service de la table.

CARION.

Oui, tu casses trop d’amphores, tu as la main barbare,… à moins que tu ne le fasses exprès pour te dispenser…

BACTIS.

Je l’avoue que, lorsqu’on m’a essayé pour cet office, j’ai fait exprès d’y déployer ma maladresse.

CARION.

Je ne te trahirai pas ; mais je veux te réprimander.

BACTIS.

Toi ?

CARION.

Oui, moi. Il faut que tu sois bien grossier et d’une nature bien sauvage pour préférer le service des animaux à celui des hommes ! Eh quoi ! tu prépares la nourriture des bœufs, tu nettoies la crinière du cheval et la crèche de l’âne ! Tu enlèves le fumier des étables, et tu vas le répandre sur la terre, qui ne t’en sait pas le moindre gré, vu qu’elle a tout autant de plaisir à faire pousser l’acanthe et l’ortie que les plus nobles présents de Cérès et de Pomone ! Enfin tu recueilles précisément le gland des chênes pour satisfaire l’ap-