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s’en est accommodé un tout semblable pour faire la veillée avec lui. Il y avait là bon nombre de malades, entre autres ce Néoclidès, qui se dit aveugle aussi, et qui vole la république aussi proprement que s’il avait les yeux de Lyncée. Or, quand nous avons tous été couchés dans le temple, le sacrificateur est venu nous commander de dormir et de ne pas bouger, quelque chose que nous puissions voir et entendre. Moi, dans l’attente de quelque prodige, je me tenais bien éveillé, quand je vis mon homme qui prenait sur la table sacrée les figues, les gâteaux, toutes les offrandes, et qui les mettait dans un grand sac pour les emporter.

MYRTO.

Est-ce là tout le miracle que tu as vu ?

CARION.

Non ; car j’ai vu Esculape comme je vous vois ! Le sacrificateur venait d’éteindre toutes les lampes, lorsque le dieu de la santé, le père de tant de beaux enfants, le mien par conséquent, est arrivé du fond du sanctuaire, accompagné de ses deux prêtresses Jaso et Panacée.

MYRTO.

Comment les as-tu vu sans lumière ?

CARION.

Je n’en sais rien ; mais j’ai remarqué qu’en passant près de moi, l’une de ces dames rougissait et que l’autre baissait les yeux. Esculape s’est approché de Plutus et lui a essuyé le visage avec un linge fin. Puis il a sifflé, pendant que Panacée couvrait d’un voile de pourpre la tête de Plutus. Alors, deux serpents énormes sont accourus, ils se sont glissés sous le voile, ils ont léché délicatement les yeux du malade…

MYRTO.

Tu as vu cela malgré le voile ?

CARION.

Parfaitement. Et tout aussitôt Plutus s’est levé, voyant et saluant tout le monde. Nous avons couru tous l’embrasser, et le voici qui arrive avec votre père. Ils ne viennent pas vite, au milieu de la foule qui se presse autour d’eux ! Cha-