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LA HYONNAIS.

Eh bien ?

HENRI.

Ma liberté était menacée… M. Dubuisson vient de me rendre les titres qu’il avait contre moi ; maintenant, il a ma parole !… Mais, de grâce, ne me parlez plus de moi ; c’est de Françoise qu’il est question.

LA HYONNAIS.

Oh ! Françoise ! du moment que vous renoncez à elle, vous perdez le droit de m’interroger sur son compte.

HENRI, impétueusement.

La Hyonnais ! vous aimez Françoise !

LA HYONNAIS.

Ah ! vous croyez ?…

HENRI.

Je le vois !… Vous aussi, vous êtes agité… vous aussi, vous devenez pâle !…

LA HYONNAIS.

Et que vous importe ?

HENRI, avec douleur.

Que m’importe, en effet !… (S’animant.) Pourtant il me semble que vous devriez la regarder comme votre sœur, puisque…

LA HYONNAIS.

Oui, si elle devait être votre femme, il en serait ainsi.

HENRI.

Il n’en est donc plus ainsi ? Voyons, quel rôle jouez-vous entre elle et moi ? Je ne le comprends plus !…

LA HYONNAIS.

Eh bien, vous allez le comprendre, car je ne peux plus me taire. Oui, j’aime Françoise ; oui, je l’ai aimée dès le premier jour où je l’ai vue. Ce n’est pas ma faute ! Voué au travail de l’esprit, amoureux de science et de dévouement, je connaissais peu mes passions et ne me méfiais point de moi-même. Ce jour-là, je vous crus sérieusement attaché à Françoise ; ce jour-là, je ne songeai point à envier votre bonheur, mais je le sentis profondément. Oh ! oui ! j’en sentis le prix