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HENRI.

Tais-toi, la Hyonnais, tais-toi !… je te dis qu’il est trop tard… Je me sens brisé par l’épouvante, et Françoise arriverait à me mépriser… Ici, aucune supériorité ne pèsera sur moi, et, si ces parvenus me reprochent un jour de m’avoir enrichi, je pourrai mépriser leurs écus, ils n’ont que cela à me donner !… Tiens ! il est trop tard aussi pour fuir. Voici Plutus qui vient me saisir sous la figure narquoise de ce paysan enrichi !




Scène V


DUBUISSON, HENRI, LA HYONNAIS.


DUBUISSON, à part.

Ah ! ah !… c’est lui !… Je ne suis pas fâché de lui parler avant ma femme. (Haut.) Monsieur le comte de Trégenec, je suis votre très-humble. M. le baron de la Hyonnais, avec qui j’ai causé hier chez le docteur,… est votre pays ;… il parait vous aimer beaucoup et comprendre les affaires ; il n’est donc pas de trop ici. Monsieur le comte, je jouerai le franc jeu avec vous, et notre partie ne sera pas longue. J’ai trop d’expérience pour ne pas savoir que, s’il faut beaucoup de paroles avec les paysans, il n’en faut qu’une avec les gens de votre acabit. Vous me faites la complaisance de rechercher ma fille en mariage. C’est une fille de rien, vous savez !… Je ne m’en fais pas accroire. Nous sortons d’un tas de paille et d’une brouettée de terre, sa mère et moi. Vous, vous avez une géologie d’ancêtres…

HENRI.

Oh ! moi, monsieur, je ferais pour ma dignité les mêmes réserves que vous faites ici fort adroitement pour la vôtre. Je ne souffrirais pas que les folies de ma jeunesse me fussent reprochées, et je ne consentirais point à entrer dans une famille qui me croirait trop l’obligé de sa richesse.