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CLÉONICE.

Ah ! mon Dieu ! vous m’y faites toujours penser, à ce pauvre Jules ! Sans vous, maman, je l’aurais oublié depuis longtemps.

DUBUISSON, fâché.

Ah ! mais il faut l’oublier tout de suite, ou sinon !

CLÉONICE, à part.

On se fâche ? Je vas les faire enrager ! (Haut.) Ça ne dépend peut-être pas de moi de l’oublier, mon père.

MADAME DUBUISSON.

Tu vois, monsieur Dubuisson, quand je te disais ! Cléonice, vous voulez me faire mourir de chagrin !…

CLÉONICE.

Oh ! non, maman ! Mais, enfin, pourquoi ne voulez-vous pas… ?

MADAME DUBUISSON, pathétique.

Parce que je sais ce que c’est que les mariages d’inclination, ma fille ! C’est des abîmes de douleur ! On croit qu’on vous aime ! Moi aussi, j’ai manqué de me laisser entraîner par mon cœur ; M. Dubuisson est là pour le dire, que je ne voulais pas de lui ! Mais j’ai écouté la voix de la raison et celle de mes parents. Quel est le bonheur d’une jeune femme ? C’est d’avoir des toilettes, des voitures, des bals, des spectacles. Il n’y a que ça de sérieux dans la vie, vois-tu, mon enfant ; le reste, c’est des illusions. L’amour, ça passe ; le rang, ça reste. Allons, ma fille, j’entends les voitures qui arrivent, sèche tes larmes !…

CLÉONICE, à part.

Mes larmes ?…

MADAME DUBUISSON, agitée.

Monsieur Dubuisson, va donc changer de cravate !

DUBUISSON

Bah ! ma cravate !…

MADAME DUBUISSON.

Eh bien, occupe-toi du souper.