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CAROLINE, éperdue.

Aimer !… (Se reprenant.) Non ! c’est un rêve ! Vous ne m’aimez pas, vous ne devez pas m’aimer !

LE DUC.

Mademoiselle de Saint-Geneix ne mentez pas pour la première fois de votre vie. J’ai été aveugle, moi ! mais une femme ne peut pas l’être à ce point. Vous n’avez peut-être pas voulu voir la passion de mon frère, une personne pure comme vous résiste longtemps à l’évidence ; mais vous avez dû, malgré vous, sentir l’amour dans l’air que vous respiriez, et, à présent qu’il n’y a plus d’obstacle entre vous, ouvrez les yeux et laissez parler votre cœur.

CAROLINE.

Mais je vous jure…

URBAIN.

Tu vois, elle proteste !

LE DUC.

Eh bien, si elle ne t’aime pas encore, elle t’aimera, mordieu ! il faut qu’elle t’aime, elle le doit !

URBAIN.

Gaétan !

LE DUC.

Laisse-moi dire ! Elle a au moins une amitié immense pour ma mère, elle en aura une pareille pour… pour celui qu’elle ne connaît pas encore, pour ton fils !

CAROLINE, se rapprochant.

Son fils ?

URBAIN, au duc.

Eh Lien, oui ! parle-lui de mon fils, dis-lui tout !

LE DUC.

Ce sera bientôt dit : un mariage secret, trois années de veuvage, un enfant superbe, charmant, un orphelin que l’on pourra maintenant adopter et dont vous deviendrez la mère. Vous voyez bien que ça vous va, à vous qui ne vivez que pour faire des heureux !