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quoi qu’on fasse. Les étrangers ne sont pas si indulgents ; ils vous jugent comme ils peuvent, et, s’ils s’ennuient ou s’ils ont de l’humeur, ils s’en prennent à vous sans savoir pourquoi. — Et puis, soi-même, on ne les comprend pas toujours ; on craint de s’intéresser à eux plus qu’ils ne veulent, et, si on y met de la discrétion, ils vous accusent d’ingratitude. Enfin, nous sommes ici pour supporter des contrariétés !

Elle se lève.
PIERRE.

Moi, oui. Mais vous n’avez pas été élevée à ça, et, si ça allait trop loin, je vous emmènerais.

CAROLINE.

Toi, Peyraque ?

PIERRE.

Je vous dirais : « Il le faut ! »

CAROLINE.

Bien ; et tu me conduirais… ?

PIERRE.

Chez nous. Ma femme vous trouverait de l’ouvrage ; vous l’avez dit, on est toujours mieux chez soi que chez les autres.

CAROLINE.

Et je serais chez moi dans ta maison ? (Allant à lui.) Merci, bon cœur ! mais il faut que je reste encore ici.

PIERRE.

Pourquoi ?

CAROLINE.

Je sais que, sans me rien dire, M. de Villemer s’occupe de placer mes neveux au collège. Je veux servir sa mère tant que je pourrai pour m’acquitter.

PIERRE.

Si c’est lui qui vous traite mal, pourtant ?

CAROLINE.

Ah !… si je viens, je ne sais pourquoi, à déplaire, j’espère