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DIANE.

Oui, c’est cela. Nous y sommes certainement plus libres que dans nos familles, nous y remuons davantage, nous y faisons plus de bruit ; mais vous m’avouerez que de sentir un grand mur entre soi… et l’inconnu, ce n’est pas naturel.

LÉONIE.

Moi, je me rappelle pourtant ce temps-là comme un beau rêve !

LE DUC, bas, à Léonie.

C’est qu’il est peut-être déjà un peu loin ! (Haut.) À l’âge de mademoiselle de Saintrailles, regretter la prison serait un contre-sens.

DIANE.

Oh ! n’est-ce pas ?

LE DUC.

Sans nul doute. Le bel âge que vous avez, c’est le mois d’avril de la vie. Tout est grâce et parfum, sourire et promesse. On voit autour de soi un monde de fleurs, et devant soi l’été, c’est-à-dire un monde de fleurs encore plus riche et plus embaumé. Comme c’est loin, l’hiver ! comme on y songe peu el comme on n’y croit guère ! On a bien le droit de le nier et de compter sur l’éternelle jeunesse des choses qu’on saisit, quand on est jeunesse et soleil soi-même !

DUNIÈRES.

Voilà qui est très-agréablement tourné… Mais votre frère…

LE DUC.

Mon frère le tournerait beaucoup mieux. Moi, je ne suis qu’un amateur des choses poétiques ; lui, il est un véritable artiste ; il sait, où je ne fais que sentir : je ne suis qu’un instinct, il est une lumière !

LÉONIE.

Certes, monsieur le…

LE DUC.

Il m’expliquait justement, l’autre jour, à propos de la physionomie… de la composition… (À Urbain.) Qu’est-ce que tu