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LA MARQUISE.

Je ne sais pas trop si je dois… J’ai peur de vous monter la tête aussi !

URBAIN.

Quand même je serais capable de m’enflammer si vite, vous ne devez pas craindre que, chez vous…

LA MARQUISE.

Je connais vos principes, mon fils ! Je voulais seulement vous faire sourire et je n’ai pas réussi. Qu’avez-vous, Urbain ? Vous ennuyez-vous ici ? Aimez-vous une personne qui ne vous aime pas ?

URBAIN.

Non, puisque je vous aime.

LA MARQUISE.

Oui, vous m’aimez ! vous le prouvez de reste, et, moi, je viens encore d’augmenter les sacrifices continuels que vous me faites. J’ai promis à mademoiselle de Saint-Geneix…

URBAIN.

S’est-elle donc fait marchander ?

LA MARQUISE.

Elle s’en est bien gardée, la pauvre petite ! Elle se sacrifie pour sa famille ; je me suis attendrie… et je m’en repens presque : on n’a pas toujours le droit de faire le bien.

URBAIN.

Ah ! ma mère ! quand vous en serez à ce point de vous refuser la joie de l’aumône, je croirai que vous ne me sentez plus digne de votre affection,

LA MARQUISE.

Vous êtes le meilleur des fils et le plus généreux des hommes. Vous êtes les trois quarts de ma vie.

URBAIN, souriant.

Ne dites pas cela, ma bonne mère ; mon frère a droit à la moitié, peut-être à la plus douce moitié de votre âme.

LA MARQUISE.

Votre frère…