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d’abord la question matérielle. Je vous ai fait offrir dix-huit cents francs.

CAROLINE.

Oui, madame, j’ai accepté.

LA MARQUISE.

C’est peu. Mais, si vous n’êtes pas heureuse, ma chère enfant, moi, je ne suis pas riche. Le bien-être dont on m’entoure ne m’appartient pas. Vous pourriez trouver davantage ailleurs…

CAROLINE.

Je préfère votre maison, madame la marquise.

LA MARQUISE.

Pourquoi ? Soyez franche. Qu’est-ce qui vous a décidée à accepter de si minces honoraires pour venir tenir compagnie à une vieille femme à moitié aveugle, et peut-être fort ennuyeuse ?

CAROLINE.

D’abord, madame, on m’a dit que vous aviez beaucoup d’esprit et de bonté : je n’ai donc pas cru pouvoir m’ennuyer près de vous. Ensuite, vous êtes une véritable grande dame, et je n’ai pas à craindre auprès de vous les humiliations de la presque domesticité. Enfin, quand j’aurais dû souffrir, il était de mon devoir de ne pas rester dans l’inaction.

LA MARQUISE.

Mais,… pour être si bien élevée, vous avez eu de la fortune ?

CAROLINE.

Mon père avait de l’aisance.

LA MARQUISE.

Comment l’a-t-il perdue ?

CAROLINE.

Par amour pour nous. Il nous voulait riches ; il a exposé son capital pour le doubler.

LA MARQUISE.

Et il s’est ruiné ! Qu’est devenue votre mère ?