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Scène PREMIÈRE.


M. DE DUNIÈRES, assis ; LA MARQUISE, assise.


LA MARQUISE.

Voyons, mon cher Dunières, résumons-nous.

DUNIÈRES.

Eh bien, marquise, vous voulez marier votre fils Urbain, bien qu’il soit le plus jeune et que son frère soit encore garçon.

LA MARQUISE.

Mon fils Urbain : monsieur son frère n’est pas mariable.

DUNIÈRES.

Pourquoi ça ? Charmant homme, spirituel, élégant…

LA MARQUISE.

Quarante ans déjà.

DUNIÈRES.

C’est encore le bon âge.

LA MARQUISE.

C’est selon ; si nous ne convenons pas des défauts de nos enfants devant le monde, c’est pour ne nous rien cacher entre vieux amis que nous sommes. Mon fils aîné, tout séduisant qu’il vous semble, et qu’il me semble encore quelquefois à moi-même, est un prodigue… un oisif… avec ça libertin et ruiné ; n’est-ce pas là un beau mari à offrir à une fille qui a le droit d’entrer dans la vie par la porte dorée, avec toutes les illusions du mariage ? Il ne s’agit donc pas du duc d’Aléria ; il s’agit du marquis de Villemer, qui a de la raison et des vertus ; de mon fils Urbain, à qui je dois tout, puisque son frère m’a ruinée, et qui peut se présenter avec un beau nom, trente-trois ans bien employés, et une fortune que vous savez très-convenable.

DUNIÈRES.

Très-bien. Et il est enfin disposé au mariage ?