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une lettre de lui, dans laquelle il insiste pour avoir un sujet de mon choix. Je crois devoir en parler sur-le-champ à M. des Aubiers pour monsieur son fils ; et, si vous daignez prévenir l’un et l’autre, je serai chez vous presque aussitôt que ma lettre… Croyez, madame, que mon vœu le plus ardent est de mettre à vos pieds le plus dévoué des esclaves… Le comte de Luny. » — Ah ! je comprends maintenant ; il veut se rendre nécessaire, et il me fournit charitablement un prétexte pour l’admettre dans l’intimité, sans que mon mari s’en étonne ; il n’a pas encore l’audace de me demander un tête-à-tête… il lui suffit, pour le premier jour, que je sois complice passive de ses charmants projets, et que je fasse un mensonge à ma famille pour l’y mettre à l’aise… (Tout en parlant, elle a ôté les rubans et les fleurs de sa coiffure.) Allons, je ne l’attendais que demain. Je m’étais faite belle aujourd’hui pour mon mari. Il faut que j’endure la présence de cet étranger… C’est déjà une insulte à subir. Mais qui peut m’en préserver ?… Avec leur fatal point d’honneur, nos maris et nos fils nous réduisent au silence, justement quand nous aurions le plus besoin de leur protection.




Scène IX


MARGUERITE, DES AUBIERS.


DES AUBIERS.

Eh bien, Cyprien ?

MARGUERITE.

Il se soumet.

DES AUBIERS.

Bravo, ma femme ! Vraiment, tu n’es pas maladroite quelquefois ! Mais est-ce qu’il a beaucoup de chagrin ?

MARGUERITE.

Beaucoup.