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DE LUNY.

Malheureusement.

DES AUBIERS, rêveur.

Diable ! un enfant !

DE LUNY.

Oui ! le diable s’en est mêlé ! C’était un Français, le propre neveu de notre ministre ; mon ambassadeur, qui m’aime beaucoup, et qui me donne raison, m’a prié de quitter l’Italie et de me tenir coi quelque part, pendant qu’il tâcherait de me justifier auprès de Son Excellence. Voilà mon histoire ; voyons la vôtre ! (Il s’assied à gauche.) Vous avez engraissé, vous avez eu beaucoup d’enfants, et vous vécûtes heureux ?…

DES AUBIERS.

J’ai engraissé ! pas trop, ce me semble… Je n’ai pas eu un seul enfant, de ma seconde femme, et… je m’ennuie beaucoup à la campagne.

Il s’assied près de Luny.
DE LUNY.

Le mariage n’a donc pas tenu ses promesses ? On m’a dit cependant que vous aviez pris une jeune et jolie femme ?

DES AUBIERS.

Eh bien, oui ! mais il y a de cela dix ans, et je ne suis pas un bon bourgeois de province, moi, pour roucouler toujours !

DE LUNY.

Comment ! il y a dix ans que nous ne nous sommes vus ? C’est parbleu vrai ! À propos, vous aviez un fils de votre premier mariage ? vous l’avez toujours ?

DES AUBIERS.

Dieu merci ! Il se destine à la magistrature ; ce n’est pas un paresseux, comme moi. Ah ! sans cet enfant-là, je n’aurais pas aliéné ma liberté une seconde fois.

DE LUNY.

Bah ! bah ! vous avez toujours fait le terrible, et vous étiez du bois dont ou fait les hommes rangés.