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Scène VIII


Les Mêmes, CÉLIA.


CÉLIA, riant.

Sire Roland avec le gouverneur de mon château ? Vous a-t-il enrôlé à mon service, monsieur ? Faites-vous partie de ma garnison ?

JACQUES.

Non ! c’est en courtisan qu’il se présente à votre cour.

CÉLIA, montrant la maison et les rochers.

Qu’il y soit le bienvenu ! Vous voyez, monsieur, quel luxe environne notre personne ducale ! quel palais nous habitons, quels jardins fleurissent sous nos yeux !… Eh ! mais pourtant ! voici un trône… (elle s’approche du tapis et des coussins), et même… (Elle prend l’éventail.) C’est vous, sire Roland, qui nous avez apporté ces présents ?

ROLAND.

Non, madame ; sans doute le duc, votre oncle…

CÉLIA, soulevant un angle du tapis et le regardant.

Oui, il aura dépouillé son pauvre manoir pour enrichir mon ermitage. Mais ces armoiries, ce sont les vôtres, Jacques ?

JACQUES.

Cela se peut. J’habite la demeure de votre oncle. On aura pris dans mon appartement…

CÉLIA, le regardant avec une tendresse enjouée.

À votre insu ? Et ces livres, ce luth, ces étoffes que je viens de recevoir, c’est aussi le duc qui me les envoie ?

JACQUES, montrant Roland avec humeur.

Ou bien, c’est lui qui vous cache sa galanterie !

CÉLIA, avec malice.

Ah ! sire Roland, je vous en suis bien reconnaissante ! Or donc, puisque nous avons un siège digne de nous, nous vous donnons audience. (Elle s’assied sur le tapis qui est étendu sur le