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TOUCHARD.

Non, Audrey ; le chapelain du vieux duc est un hérétique ; mes principes ne me permettent point…

AUDREY.

Non, monsieur, il n’est point ce que vous dites. C’est lui qui marie tous les seigneurs exilés, et, puisque vous dites que vous êtes gentilhomme…

TOUCHARD.

Je le suis, et des meilleurs, ma chère Audrey !

JACQUES, qu’Audrey regarde avec anxiété.

Il te trompe, ma pauvre fille ! La preuve, c’est qu’il veut t’épouser sous un buisson, comme un vagabond qu’il a toujours été.

AUDREY, à Touchard.

En ce cas-là,… adieu, monsieur ! Vous m’avez voulu tromper, je vas me raccommoder avec Guillaume, et le prier de vous battre !

Elle passe à gauche.
TOUCHARD, effrayé, la retenant.

Non, non, Audrey, tu ne feras point pareille chose !

AUDREY, se dégageant de Touchard avec un soufflet.

Oui, oui, messire, vous m’épouserez bel et bien, ou vous serez bel et bien battu.

Elle s’enfuit par le ravin.
JACQUES.

Et ces airs de capitan ! cette intelligence départie par le ciel ! Te voilà tout tremblant. Ah çà ! bouffon, ta maîtresse est-elle disposée à me recevoir ?

TOUCHARD, montrant la maison.

Allez-y voir, je ne m’en inquiète point. Pourquoi diable avez-vous détrompé cette fille qui me voyait d’un bon œil ?

JACQUES.

Je n’aime point les mauvaises actions, mon ami, et, si ton esprit ne te rendait stupide, tu me remercierais de t’en épargner une entre mille.