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JACQUES.

Blasphémateur !… Mais, hélas ! voilà, en effet, l’emploi de l’esprit en ce triste monde ! c’est le tyran qui opprime la simplicité !

TOUCHARD.

Et vous plaignez les imbéciles, à présent ?

JACQUES.

Non ; car il vaut encore mieux être la dupe que le contempteur !

TOUCHARD.

Vous ne disiez point comme ça, il y a quelques jours ; vous étiez fin renard…

JACQUES.

En paroles !

TOUCHARD.

Et vous prenez en main la cause des poules ? Eh bien, je me convertis, à votre exemple ; je me marie, j’épouse la cause des dupes. (Il passe à l’extrême gauche.) Je choisis cette gardeuse de troupeaux, et, tel qu’Apollon chez Admète, j’accepte, en galant homme, la suite des événements.

Il prend Audrey sous le bras.
JACQUES.

C’est-à-dire que tu ris de l’amour comme du reste ? Se marier sans confiance, ce n’est pas s’unir, c’est se joindre comme ces panneaux de bois vert qui, en séchant, se déjettent et se séparent.

AUDREY, à Touchard, en quittant son bras. Elle a écouté Jacques avec attention.

Est-ce que vous ne voulez pas m’épouser sérieusement ?

TOUCHARD.

Si fait ! J’en veux prendre à témoin ce gentilhomme philosophe, les branches de ces arbres, et la barbe de tes chèvres !

AUDREY.

Ça n’est point là un bon mariage ; allons à la chapelle du duc.