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lui) ; que, si tu ne t’en vas pas d’ici, je te fais déguerpir de ce monde, que je conspire contre tes jours, que je trame sourdement ta ruine, que j’accomplis la mauvaise destinée, que j’éteins le flambeau de ta vie, que je te plonge dans la nuit de la tombe… Comprends-tu ? Non ? (Le faisant tourner et le poursuivant.) Eh bien, cela veut dire que j’emploie contre toi le fer, le feu, le poison, la torche et le bâton. Je te tue, en un mot, de cent cinquante manières différentes. C’est pourquoi tremble !… et va-t’en !

AUDREY, effrayée.

Oui, oui, va-t’en, mon bon Guillaume !

GUILLAUME, épouvanté.

Dieu vous conserve en joie, messire !

Il s’enfuit en sautant dans le sentier du fond.




Scène III


AUDREY, JACQUES, qui est entré avant la fin de la scène précédente ; TOUCHARD. Il se tord de rire, assis à droite.


JACQUES.

Eh bien, bouffon, te voilà bien fier d’avoir mis ce gros garçon en fuite avec la figure insolente et tes airs étranges ?

TOUCHARD.

Ah ! c’est vous, mon camarade, le fou mélancolique ? Ne trouvez-vous pas que je suis un fou délicieux ? Vous voyez quels tours je sais faire ?

JACQUES.

De mauvais tours de ton métier.

TOUCHARD.

Du moment qu’ils sont de mon métier, ils sont bons ! Ah ! nous aurons de grands comptes à rendre, nous que le ciel dota d’une intelligence supérieure, dans le but évident de faire le plus de tort possible à ceux qui sont dépourvus de finesse !