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CHARLES.

Jeune homme, tu m’as vaincu. (Il passe entre Roland et Jacques.) Je pourrais avoir mon tour, celle fois ; mais je ne veux pas l’essayer. Non, le lutteur qui a renversé Charles mérite l’admiration de l’univers, et Charles lui-même, connaissant qu’il n’a pu être terrassé que par un demi-dieu, n’ira pas contre le décret du ciel. (À son escorte.) Allons-nous-en ; je m’étais trompé. Cette dame voilée n’est point celle que nous poursuivons, et c’est dans une autre partie de la forêt qu’il nous faut la chercher. (Il fait sortir son escorte et remonte un peu.) Mais je vous donne avis que je ne suis pas seul chargé de la poursuivre, et que je réponds de moi seul. Adieu. Méfiez-vous !

Il sort par le fond.




Scène XII


Les Mêmes, ROLAND, ROSALINDE, JACQUES, CÉLIA, TOUCHARD, caché.


ROSALINDE, à Roland. Elle s’était cachée derrière Célia.

Oh ! grâce à vous…

ROLAND.

Quelle pâleur ! Vous n’êtes pas brave, beau page.

ROSALINDE, bas, à Célia.

Non, en vérité, je déshonore l’habit que je porte. Mais viens à présent, cousine !

JACQUES.

Non, puisque son père est capable d’une telle fureur contre elle, ce n’est pas dans votre manoir sans défense qu’elle doit attendre l’apaisement de cette colère aveugle.

CÉLIA, agitée, allant et venant.

Ah ! je vois bien qu’il faut se soumettre à son sort. Laissez-moi rappeler Charles. La vanité de cet homme va jusqu’à l’héroïsme ; il me reconduira sans violence à celui que je n’aurais pas dû quitter.