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ACTE DEUXIÈME


Dans la forêt des Ardennes. Arbres et rochers. Un ruisseau sous les saules. Grands chênes aux premiers plans. À gauche, au premier plan, un arbre au pied duquel est une roche servant de siège. Au troisième plan, faisant face au public, un tertre coupé par un sentier passant entre deux gros arbres, avec une descente rapide.




Scène PREMIÈRE


LE DUC, AMIENS et autres Seigneurs, Valets et Piqueurs.
Un feu est allumé au fond pour une cuisine improvisée ; les valets déballent des paniers, des ustensiles et des mets.


LE DUC.

Voici le lieu choisi pour notre halte. (À ses gens.) Amis, servez-nous la collation sous ces arbres. (Aux seigneurs.) Si Jacques revient aujourd’hui, il saura nous retrouver ici. Puissé-je recevoir aujourd’hui des nouvelles de ma fille chérie et revoir la figure d’un ami fidèle ! Et vous, mes frères, mes compagnons d’exil, ne vous tarde-t-il point d’entendre soupirer ou gronder notre philosophe mélancolique ?

AMIENS.

Oui certes, monseigneur. L’habitude de vivre ensemble change en qualités les travers de notre nature, tant est douce à l’homme la pente qui l’entraîne à recommencer chaque matin le chemin qu’il a fait la veille ! J’avoue que les boutades de Jacques me manquent. Il me semble que je fais toutes choses plus mal, depuis qu’il n’est plus là pour me dire que je ne fais rien de bien.

LE DUC.

Pour moi, plus il me gourmande, plus il m’intéresse, et c’est dans ses plus grands accès de misanthropie que je trouve du profit à l’entendre. J’aime alors à le contredire et à