Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/158

Cette page n’a pas encore été corrigée

CÉLIA.

Si tu l’aimes, il faudra bien que je l’aime aussi ! Mais que fait donc là ce mélancolique seigneur ? (Elle montre Jacques.) Il paraissait si pressé de nous quitter, et le voilà qui reste planté comme une quintaine ! (Allant à Jacques, debout devant l’estrade.) Que pensez-vous, monsieur, de l’aimable fils de sire Roland ?

JACQUES.

Et vous, madame ? Vous pensez qu’au scintillement du miroir, les oiseaux des champs doivent tomber dans le filet ?

CÉLIA.

Où va votre métaphore ? Qui est le chasseur, et qui est la proie ?

JACQUES.

Le chasseur qui a tendu le piège n’est pas toujours celui qui prend le gibier. Votre cousine a captivé l’étourneau que vous guettiez.

CÉLIA.

Sachez, monsieur, que Rosalinde m’est plus chère que tous les étourneaux du monde, et que j’en donnerais mille comme vous avant de lui en disputer un seul.

JACQUES.

Je ne crois point à cette générosité. Il ne faudrait (montrant Touchard, qui entre précipitamment du fond à droite, et qui parle à Rosalinde) qu’un malotru comme celui-ci pour vous brouiller avec votre cousine. Pour un peu de louange, fût-elle chantée par la voix d’un hibou…

CÉLIA.

Oh ! grand merci, j’ai assez de cette voix-là. (À Rosalinde.) Qu’y a-t-il, et pourquoi la pâleur des lis sur tes joues ?

ROSALINDE, montrant Touchard.

Je ne sais s’il parle sérieusement.

CÉLIA.

Voyons, de quelle méchante nouvelle es-tu le messager ?

TOUCHARD.

Une nouvelle plus grosse que moi, qui suis petit ; plus folle