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HENRI.

Ah ! n’achevez pas, Françoise ! vous me brisez ! Quoi ! pour réparer… ? Ah ! Françoise ! Françoise ! tant de grandeur m’écrase, et je ne trouve pour te remercier que des larmes de honte et de désespoir !… Mais alors… quel service m’a donc rendu M. la Hyonnais ?

LE DOCTEUR.

Quel service ?… Oh ! un grand service, et dont lui seul connaît toute l’étendue… Parlez, Jacques ; dites ce que vous avez fait.

FRANÇOISE, à la Hyonnais.

Dites !

LA HYONNAIS, à Henri.

Une femme… une femme s’immolait pour vous avec énergie… Je n’ai pas voulu lui laisser porter seule le poids de son dévouement. Il fallait trouver un moyen de vous réhabiliter, vous, l’homme qu’elle aimait… J’ai cherché ce moyen… Vous étiez repoussé, abandonné par votre père ; il fallait le ramener à la pitié, peut-être à la justice : j’ai résolu de le faire. Votre mère avait été accusée, votre légitimité contestée… Il fallait découvrir la vérité, chercher des preuves ; je les ai trouvées ! Il fallait réunir ces preuves, les rendre évidentes, produire des témoins dignes de foi. Il fallait porter en secret cette cause palpitante au tribunal d’un seul homme, juge prévenu, époux irrité ! J’ai plaidé cette cause et je l’ai gagnée ! Je vous rapporte l’affection d’un père qui vous appelle et vous attend… Je vous rends une famille, une fortune, un avenir… Je vous rends surtout le droit d’épouser la femme (sa voix est étouffée) la plus noble… la plus digne des femmes !… Voilà ce que j’ai fait pour vous, Henri… et, croyez-moi, davantage serait impossible… les forces de l’âme… Enfin, voilà ce que j’ai fait, moi !…

HENRI.

Oh ! c’est un rêve !… Ma mère justifiée !… mon père… mon honneur… l’amour de Françoise… l’amitié… le dévouement… le pardon !… Tout ! tout à la fois !… (Allant à la Hyonnais.) Et