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mienne à la tête !… Dieu merci, je ne suis pas embarrassé de m’en défaire… Mais… sans vous dire que vous lui plaisez… j’ai cru voir que vous ne lui déplaisiez pas. Vous ne me devez plus rien, personne ne viendra vous dire que je vous achète… Voyons, est-ce que des paysans devenus seigneurs ne valent pas bien des seigneurs qui redeviennent paysans ? Voulez-vous bêcher la terre quand, moi, j’achète les vôtres ? Ça ne serait pas naturel. Vous êtes né pour ne rien faire, comme j’étais né pour travailler. À présent, je me repose, et je vous offre un fauteuil quand il ne vous reste pas seulement une pierre. Ne faites pas la grimace, asseyez-vous ! C’est votre état, c’est votre droit que je vous rends, moi, Christophe Dubuisson, l’ancien valet de charrue.

HENRI.

Monsieur… Je vous remercie, monsieur Dubuisson ! Vous êtes un brave homme, je le sais, je le vois. Certes, votre fille est aimable et jolie. Je m’estimerais heureux de lui plaire, et, dans la position où nous sommes désormais l’un vis-à-vis de l’autre, je ne rougirais pas de… Mais tenez, il m’est impossible de vous répondre en ce moment, je suis sous le coup de cet étrange événement… de ce service mystérieux que l’on vient de me rendre. Je souffre beaucoup de ne savoir qui je dois remercier ou accuser. Permettez-moi d’éclaircir le fait, de rassembler mes idées, et de ne pas me présenter à vous sans savoir ce que j’ai à refuser ou à accepter pour me sentir libre !

DUBUISSON.

À la bonne heure, prenez votre temps. Vous voulez voir le docteur ?…

HENRI.

Oui, certes, il le faut ; car je crains que ce ne soit lui !…

DUBUISSON.

Restez là, il est avec ma femme ; je vas le faire venir.

HENRI.

Vous croyez qu’il consentira… ?