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ADRIEN.

Non ! elle a raison ; car, moi aussi, je… Lucie, vous êtes un ange ! Je ne me vante pas d’avoir conçu pour vous une passion subite… insensée ! Mon cœur a été plus doucement conquis, plus profondément pénétré ; il est à vous tout entier : respect sans bornes, amitié sainte, tendresse infinie… Voyez ! je n’ose pas encore donner le nom d’amour à ce que j’éprouve, mais je suis pourtant bien heureux que vous ne soyez pas ma sœur ! Lucie ! vous m’eussiez restitué mon bien si cela eût dépendu de vous ; moi, je le recouvre (Étendant la main vers le portefeuille), et je vous l’offre. Voulez-vous être ma femme ou Celle de… (tendant la main vers Stéphens) mon ami ?

STÉPHENS, lui serrant la main.

Vous pouvez être généreux, si vous êtes aimé ! Mais…

DANIEL, à Lucie.

Eh bien ?

LUCIE, montrant Adrien.

Oh ! oui, c’est lui ! c’est lui ! Daniel !

DANIEL, pendant qu’Adrien prend les mains de Lucie.

Alors !… (Il sourit et sa figure s’éclaircit. — À Stéphens.) Dame ! tant pis pour vous !

STÉPHENS.

Ah ! je voulais l’emmener avant qu’Adrien pût prétendre à elle ! C’est la première fois de ma vie que je fais une chose calme, réfléchie… habile !… ça ne m’a pas réussi ! Il me faudra revenir à l’impétuosité de ma nature !… Mais qu’au moins, Lucie, je devienne, moi, votre frère !

Lucie lui serre la main.
LUCIE, à Adrien, regardant Daniel, qui se dandine, attendri, content et comique.

Et ce bon Daniel !… il ne nous quittera jamais, n’est-ce pas ?

DANIEL.

Dame !… j’espère que non !