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DANIEL.

Charlotte a eu pourtant une fille ; ça, j’en suis sûr !

STÉPHENS.

Oui ; mais l’enfant, au berceau, mourut pendant une absence de M. Desvignes.

DANIEL.

On l’aurait su !

STÉPHENS.

Cela fut tenu secret.

ADRIEN, embarrassé.

Pour conserver les bonnes grâces et les dons de mon père ?

DANIEL.

Dame ! c’est possible.

ADRIEN, avec autorité.

Daniel, vous savez tout ! Au nom de votre amitié pour moi, je vous somme de dire la vérité.

DANIEL.

Eh bien !… voilà ce que je crois… ce qui m’a été dit : Un pauvre diable avait une fille du même âge… tout auprès de la maison… on fit un échange… à l’insu du père ! Et, comme il pleurait son petit enfant… sa femme qui était dans le secret, lui dit : « Tais-toi donc, imbécile ! notre fille est chez M. Desvignes ; elle sera riche, heureuse, nous la verrons tous les jours, je serai tout de même sa nourrice… » Et voilà comme les choses se sont passées.

ADRIEN.

Et cet homme a laissé tromper mon père pendant si longtemps ?

DANIEL.

Dame !… il avait perdu sa femme, il était pauvre, il ne pensait pas que ça vous ferait tant de tort que ça… et puis il est mort, et le tort qu’il vous a fait n’est pas grand, puisqu’il parait… qu’on ne vous a rien volé.