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est ou sera en possession de mes biens. C’est elle qui doit savoir à quoi s’en tenir là-dessus.

DANIEL, vivement.

Lucie ? Non ! Lucie ne sait rien ! (Lucie entre, tressaille et reste près de la porte, sans être vue d’Adrien.) Oh ! vous ne connaissez pas Lucie !




Scène III


Les Mêmes, LUCIE.


ADRIEN

Et je ne désire pas la connaître. Je ne veux point haïr une personne qui me tient, dit-on, de si près, et je ne lui souhaite aucun mal. Si elle est riche à mes dépens, je n’en suis pas jaloux. Vous le savez, vous, Stéphens, ce n’est pas un sordide intérêt qui me fait repousser la mère et la fille. Ce que je ne puis leur pardonner, c’est de m’avoir ravi l’affection de mon père, c’est de l’avoir contraint, par une atroce domination, à me tenir éloigné de lui, à m’oublier, à me refuser sa dernière bénédiction !… Cela, c’est lâche, c’est odieux, et je ne pourrais jamais considérer comme ma sœur celle qui, à la faveur de tels moyens, à usurpé la place dans la famille.

Stéphens a vu Lucie, s’est levé vivement ; il la contemple avec admiration et a pris le bras à Adrien pour l’empêcher de continuer : mais Adrien ne s’est retourné qu’après avoir tout dit. Lucie a une attitude de douleur inexprimable. Daniel est très-attentif à ce qui se passe.

STÉPHENS.

Oh !…

ADRIEN, voyant Lucie.

Ah ! c’est elle !

DANIEL, allant à Lucie.

Venez, ma pauvre demoiselle, vous ne pouvez pas rester dans cette maison, vous gênez. Je vas vous conduire auprès de votre mère.