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mais, si son intention n’était pas de vous déshériter, et qu’on ait dérobé la somme…

Il se met à cheval sur une chaise, à droite et à quelque distance de la table.
ADRIEN, à Daniel.

Vous, Daniel, qui connaissez Charlotte, la savez-vous capable d’une pareille action ?

DANIEL, s’approchant.

Capable… oui ! Mais on est capable de bien des choses qu’on ne fait pas… et on en fait qu’on n’était guère capable de faire.

STÉPHENS.

Est-il probable que M. Desvignes, après un si long attachement pour cette fille, se soit contenté de lui léguer une pension de cinq cents francs, qui n’est même pas réversible sur la tête de Lucie ?

DANIEL.

Non, mais… Charlotte a bien cherché ; elle a fait démonter tous les meubles, lever les boiseries, les parquets… Elle n’a rien trouvé, pas moins. Elle pleure, elle jure qu’elle n’a que sa pension, qu’elle est dans la gêne… et c’est possible.

ADRIEN.

Voilà qui est étrange ! Cette somme importante aurait donc été enfouie quelque part ?

DANIEL.

Ou remise en dépôt à quelqu’un. Qui sait ? Il faut attendre… Il faut voir. On vous a cru mort aux colonies. Peut-être aurait-on souhaité que vous ne revinssiez pas… Mais puisque vous voilà revenu !… Quand on ne s’attend pas… il y a deux minutes que vous êtes là…

STÉPHENS.

Vous ne soupçonnez pas quelle peut être la personne… ?

DANIEL, à Adrien.

Non… Et vous, monsieur ?

ADRIEN.

Moi, je suppose tout naturellement que la fille de Charlotte