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KELLER, riant.

Comment ! vous prétendez me renvoyer de… ? Ah ! ah ! c’est un peu fort, par exemple !

FAVILLA.

Ne résistez pas ! ne me contraignez pas…

KELLER.

À quoi ? À appeler vos gens, peut-être !

FAVILLA.

Mes gens… contre vous… Non certes ! jamais ! C’est moi, moi seul qui vous ferai sentir mon autorité.

KELLER.

Vous ?… Allons, allons, mon brave homme, ne devenons pas…

FAVILLA.

Ennemis ? Dieu m’en garde ! je ne connais pas la haine ; mais je sais à quoi l’honneur m’oblige.

KELLER.

L’honneur ? Ah ! parbleu ! vous avez peut-être aussi la fantaisie de vous battre avec moi, vous ?

FAVILLA.

Eh bien, oui, certes, monsieur Keller, j’ai non pas cette fantaisie, mais cette intention-là, puisque vous ne me laissez pas d’autre moyen…

KELLER.

Le beau moyen ! Vous pensez donc que je suis homme à reculer ?

FAVILLA, s’animant.

Si je le croyais, ma provocation serait lâche, et je n’ai pas le goût des lâchetés !

KELLER.

Ni moi non plus ; et c’en serait une de ma part d’accepter le défi d’un homme… qui… qui ne doit ni ne peut…

FAVILLA.

Et pourquoi donc cela, s’il vous plaît ? Je ne suis pas plus âgé que vous, monsieur ; et, aujourd’hui, comme il y a vingt ans, je suis le chevalier dévoué, c’est-à-dire l’ardent défen-