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chagrin… mais tous les gens d’ici vous chérissent ! Allons, allons, puisqu’il le faut…

Ils vont pour sortir, Herman entre et les arrête.




Scène II


Les Mêmes, HERMAN.


HERMAN.

Un mot, un seul mot, mademoiselle !…

FRANTZ.

Sa mère l’attend, monsieur !… et je ne dois pas… je ne veux pas la quitter.

HERMAN.

Ah ! c’est justement votre présence qui m’encourage, monsieur Frantz ; j’ai à cœur de montrer que je ne mérite pas la méfiance cruelle qu’on me témoigne. La sienne me tue ! Non, je ne peux pas m’y soumettre !

FRANTZ.

Ce n’est pas de la méfiance, monsieur ; on vous sait noble et sincère ; mais vous êtes jeune, et vous vous faites illusion !

HERMAN.

Non ! non ! vous dis-je… Mon père m’a donné sa parole, et il l’aurait tenue, si la signora Marianne n’eût formellement refusé de l’entendre ; c’est elle qui repousse mes prières.

FRANTZ.

Ce n’est pas elle seule, c’est Juliette aussi ! (Bas, à Juliette.) Dites donc un mot qui en finisse !

HERMAN, qui devine son intention.

Oh ! ne dites pas que c’est vous aussi, mademoiselle ! Ayez pitié de moi ! laissez-moi partir avec la pensée que, si vous m’aviez mieux connu, j’emporterais au moins votre estime !

JULIETTE.

Partir ?… vous voulez… ?

HERMAN.

Oui, oui, certes ! celui qui doit quitter Muhldorf, c’est moi ;