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ANSELME.

Dans quelques semaines, qui sait ? dans quelques jours, vous pourrez venir nous rejoindre… Allons, ma bonne mère, du courage !

MARIANNE.

Oui, oui, tu as raison, je vais parler à ta sœur. Ils vont ensemble vers le fond.

ANSELME, regardant à gauche.

Que fait-elle donc ? Elle est assise ! elle rêve !

MARIANNE, regardant aussi.

Elle tient un crayon ; elle dessine une fleur ? Non ! elle relit une lettre… Ah ! elle écrit ! Pourquoi ? À qui écrit-elle ?

ANSELME.

Elle se lève !… elle vient !… Tâche de savoir… Je vous laisse ensemble…

Il sort par le fond, à droite.



Scène VII


MARIANNE, puis JULIETTE.


MARIANNE, restée vers la porte de gauche et regardant toujours.

Elle s’arrête… elle essuie ses yeux… elle pleurait !… (Revenant.) Oh ! mon Dieu ! elle l’aime ! Pauvre ange !… Il est si doux, le premier sourire de l’amour dans une âme pure ! et celui qui, tout à l’heure, te faisait si radieuse et si belle, est déjà voilé par les larmes ! Le premier soleil, le premier beau jour de ta vie !… je ne peux pas te le laisser ! il faut que je dissipe tes illusions, et que j’étouffe en toi le premier frémissement du bonheur ! Ah ! qu’elle est rude, la tâche des mères !

Elle tombe accablée sur un siège. Juliette entre. Marianne, pour lui cacher son émotion, ouvre un cahier de musique et feint de corriger une copie.
JULIETTE.

Ah ! tu es toute seule, maman ? Je te croyais avec Anselme.